Au terme d’une longue et exceptionnelle campagne de restauration, les pavillons en albâtre du palais Jacques d’Amboise ont retrouvé leur éclat originel. Élus et financeurs avaient rendez-vous hier au parc abbatial pour inaugurer officiellement le renouveau de cet édifice qui est aussi l’Hôtel de Ville de Cluny et des Clunisois.
Quand début 16e l’abbé Jacques d’Amboise ordonne la construction d’un nouveau palais abbatial, la tendance architecturale est au marbre. Très en vogue dans les cités italiennes de ce début de Renaissance, c’est en revanche un matériau trop coûteux à importer et sera remplacé à Cluny par l’albâtre, une roche d’apparence similaire présente en quantité dans la proche carrière de Berzé-la-Ville. L’abbé fait donc orner l’édifice d’un parement magnifiquement sculpté, notamment les deux pavillons côté parc qui offrent un point de vue unique sur l’abbaye. Très délicat sur le plan esthétique, l’albâtre l’est aussi malheureusement sur le plan mécanique. Exposé aux intempéries, il absorbe l’eau, s’expanse, se rétracte et s’altère invariablement. Malgré plusieurs campagnes de restauration dont une dernière dans les années 40, les pavillons affichaient ces dernières années un état de détérioration préoccupant. Une intervention de sauvegarde d’ampleur devenait urgente.
Après des années d’études architecturales et de constitution du plan de financement, le pavillon sud est recouvert en mars 2021 d’un imposant échafaudage. C’est le coup d’envoi d’une campagne de restauration unique. Sous la houlette de l’architecte des Monuments historiques Frédéric Didier, l’intégralité des blocs d’albâtre sont déposés, restaurés ou remplacés à l’identique si leur état de dégradation le nécessite. Au printemps 2022 l’échafaudage est déplacé de quelques mètres. Artisans et restaurateurs d’art sont désormais au chevet du pavillon nord. Cette seconde phase s’achève un an plus tard et dévoile un édifice à l’éclat originel retrouvé.
L’inauguration qui s’est tenue hier marquait ainsi la fin de cette campagne de restauration et donnait l’occasion à la maire Marie Fauvet de saluer le travail exceptionnel des entreprises qui se sont succédées sur le chantier, notamment Demars pour la maçonnerie, l’Atelier Jean Bouvier pour les sculptures, et le charpentier local Gressard. En participant à près de 80% du coût total des travaux (1,5M€), la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, la Préfecture de Saône-et-Loire et la Région Bourgogne Franche-Comté ont aussi été vivement remerciés. Pour alléger le montant de son reste à charge, la commune avait fait appel au mécénat par l’intermédiaire de la Fondation du Patrimoine. Parmi les donateurs privés, les Amis de Cluny ont une nouvelle fois répondu présents pour valoriser le patrimoine clunisois. Côté entreprises, la Fondation Placoplatre a également apporté sa généreuse contribution en fournissant l’intégralité des blocs d’albâtre à remplacer depuis sa carrière de Saint-Jean-de-Maurienne et en soutenant l’organisation d’ateliers de sculpture sur albâtre avec les scolaires.
En combinant les efforts des pouvoirs publics et d’entreprises spécialisées, en soulevant l’intérêt du grand public et de mécènes passionnés d’histoire, cette opération de restauration constitue une preuve supplémentaire d’un attachement toujours vif pour le patrimoine clunisien. Un argument supplémentaire pour Cluny et les sites clunisiens européens dans leur longue démarche vers une inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Une autre inauguration se tenait hier à Cluny. Le Centre des Monuments Nationaux dévoilait le nouveau visage restauré de la chapelle Jean de Bourbon de l’abbaye.